Face aux injonctions à la “diversité” qui émanent des institutions, entreprises, instances politiques, professionnelles ou encore organisationnelles, ce colloque interroge la notion de diversité dans un domaine particulier, celui de l’information sportive télévisée. Il s’agit de déconstruire cette notion qui se présente comme une évidence, d’en questionner l’étonnante plasticité, tant par les critères convoqués que les catégories visées (de genre, de classe, ethnoraciale, d’âge, d’orientation sexuelle, de handicap…). Et de rappeler que sous ses apparences consensuelles, elle induit des principes de (dis)qualification, de jugements, et naturalise des processus sociaux d’étiquetage des individus et des groupes. C’est pourquoi il est nécessaire, en premier lieu, d’analyser les usages et les visées de la notion de diversité dans les chaînes de télévision, et ce, à plusieurs niveaux: celui, tout d’abord, des documents et des dispositifs mis en place dans les chaînes de télévision pour sensibiliser leur personnel et leurs publics sur des thèmes “diversité” (exemple du handisport lors des jeux olympiques); et celui, ensuite, de l’inscription de la “diversité » dans des stratégies commerciales et managériales. En effet, la diversité peut devenir un enjeu marketing pour les entreprises médiatiques – comme en témoigne le label diversité délivré par l’AFNOR (Association française de normalisation)-, et favoriser à la fois le recrutement de femmes pour la présentation d’émissions sportives et le développement d’un “journalisme multiculturel”. En second lieu, s’impose une analyse des mécanismes par lesquels la promotion de la diversité s’insère dans des logiques professionnelles, au moment où se fabriquent les représentations médiatiques du sport. Car promouvoir la diversité ne suffit pas pour la faire advenir dans les rédactions et changer les images télévisuelles. Faut-il encore que les orientations préconisées par les directions puissent s’adapter à la socialisation professionnelle, la division du travail dans les rédactions, les routines professionnelles et les contraintes de production. Par exemple, des temps courts de production favorisent le recours à des visions simplifiées du monde. Cela pose la question de la place des normes dans le travail journalistique, dans la définition des sujets et des angles. En troisième lieu, l’analyse doit prendre en compte le contexte sportif : les acteurs (les athlètes, les fédérations, les agents, les institutions olympiques, les fans et les téléspectateurs), son économie via les sponsors, les règles et les stratégies de communication (dont celles sur les réseaux sociaux), et ses spécificités, à l’instar de la naturalisation des corps et des performances. En quatrième lieu, il importe de s’ouvrir à d’autres contextes nationaux, dans une perspective comparative. Cette ouverture est la seule à même de montrer combien le terme même de “diversité” médiatique ou autre, son élaboration, sa diffusion dans les espaces public, politique, professionnel et médiatique, les registres de sa promotion dépendent des espaces nationaux, professionnels, organisationnels et culturels spécifiques dans lesquels ils s’encastrent.